Comment comprendre le langage des ados ?
Article publié le 06/11/2015 | mis à jour le 23/09/2022 humour
Les adolescents d'aujourd'hui ont souvent un vocabulaire incompréhensible et le sens de leurs phrases peut plus ou moins nous échapper. Heureusement, Montre-Moi Comment vous apprend ici les bases du langage des djeuns.
Ces petites merveilles de douceur et d'innocence, qui à leur arrivée dans ce bas-monde ont illuminé nos jours et pourri nos nuits, ont bien grandi depuis. Ce ne sont plus des enfants, mais pas encore des adultes. Cette phase de transition pour le moins délicate s'appelle l'adolescence. Elle s'accompagne de moult bouleversements et autant d'emmerdes, les adolescents ayant cette fâcheuse tendance à vouloir affirmer leur identité pour trouver leur place au milieu de ce foutoir qu'est l'humanité.
L'une des conséquences de cette quête existentielle est l'utilisation d'un langage qui n'appartient qu'à eux. Cette façon de parler est une mode et, comme toutes les modes, elle reflète son époque et évolue au fil du temps. Ainsi, nous sommes par exemple passés de la "surpatte" des années 60 à la "boum" des années 80 pour arriver à la "teuf" d'aujourd'hui.
Leur vocabulaire peut se composer de verlan mais pas seulement. Si certains mots employés trouvent leur origine dans une langue étrangère ou dans l'argot, d'autres surgissent d'on ne sait où et ce qui est sûr, c'est que le regard exaspéré de la chair de notre chair devant notre ignorance nous met un sacré coup de vieux. Passer quelques minutes ici afin de connaître les bases du bilinguisme français/ado peut donc s'avérer très utile.
NDLR : l'articulation et la syntaxe n'étant pas le fort de nos chères têtes blondes, leur langage est volontairement retranscrit ici tel qu'il est dans la réalité.
Les bases du vocabulaire
- accoucher : se dépêcher
- avoir le seum : avoir les boules, être en colère
- boloss : ringard, bouffon, naze
- bonne / bonnasse : canon tendance vulgaire
- ça bécave : c'est génial
- ça comme / commass : comme ça, ainsi
- c'est auch : c'est chaud, ça craint
- c'est le kif : c'est le pied
- c'est passé crème : c'est passé comme une lettre dans du beurre
- chanmé : excellent
- chelou : bizarre, étrange
- chez oim : chez moi
- chiller : glandouiller agréablement
- chuis dég : je suis dégoûté
- chuis en bad : je vais pas bien
- chuis frais / fresh : je vais bien, nickel
- chuis vénère : je suis énervé
- craquer son string : déconner, faire n'importe quoi, devenir dingue
- dar : complètement cool ou carrément nul, selon le contexte
- daron : père
- daronne : mère
- faire du zgar : se la raconter
- foncedé : défoncé, bourré
- gow : petite amie
- grave (ou veugra) : très, énormément. Exprime également une grande approbation.
- grosse / gros : remplace le prénom de l'interlocuteur (ou son absence, si on ne le connaît pas)
- iech : chier
- iench : chien
- j'avoue : oui, je suis d'accord avec toi
- j'l'ai pas calculé : je ne l'ai pas remarqué, ou je l'ai volontairement ignoré
- j'm'en balek : je m'en fous
- keum : mec
- kiffer : apprécier, aimer, adorer
- man : mec (quand on s'adresse à quelqu'un)
- marave / maraver : casser la gueule, démolir
- mettre une disquette : mentir, ou jouer un sale tour
- meuf : femme
- pécho : obtenir, attraper, prendre
- pffff : pffff
- posey / posay : peinard, tranquille
- relou : pénible
- rester en chien / iench : rester tout seul dans son coin, ou en rade totale (de cigarettes, par exemple)
- reum : mère
- reup : père
- s'enjailler : faire la fête
- se taper des barres : rire
- teubé : con, idiot
- t'inquiète : ne t'en fais pas ou mêle-toi de tes affaires
- tirer : voler
- sa race : exprime un degré encore supérieur à "beaucoup, énormément"
- se mettre une race : prendre une cuite
- son : musique
- swagg : stylé, très classe
- téj : jeter, envoyer bouler
- teuf : fête, soirée
- tiser : picoler
- trop : tellement, carrément
- trop pas : absolument pas du tout
- t'sais : tu sais, dans le sens "tu vois ce que je veux dire"
- vite fait : moyennement, bof
- wesh grosse / wesh gros : bonjour, salut, ou interpelle façon "eh dis, toi !"
- zyva : allez
Mise en situation
Kévin et Gwendal se retrouvent après les cours.
- Gwendal : Wesh gros, bien ou bien ?
- Kévin : Pffff, chuis trop en bad, ma meuf vient d'me téj...
- Gwendal : Meeerde, gros, désolé...
- Kévin : Ouais, fait iech, j'la kiffait trop...
- Gwendal : Zyva gros, t'inquiète, ça va passer, s'tu veux on va chiller chez oim ? Ma reum a racheté un paquet de Pitch commass.
- Kévin : Ouais, grave, merci man... Et toi, z'avez eu le contrôle de maths, alors ?
- Gwendal : Trop pas, t'aurais vu la disquette qu'on y a mis, au prof ! Étienne il a tiré sa sacoche et il l'a planquée, l'autre blaireau y la retrouvait pas, genre on a cru qu'il allait craquer son string tellement il était vénère, 'tain, j'te raconte pas les barres qu'on s'est tapé.
Pendant ce temps-là, Chloé arrive chez Jennifer.
- Chloé : Wesh grosse.
- Jennifer : Wesh-wesh grosse.
- Chloé : T'as faim ?
- Jennifer : Grave.
- Chloé : Zyva, sers-toi.
- Jennifer : Alors ?
- Chloé : Ben on était posey tranquille avec mon keum, t'vois, mais l'aut' boloss y s'est pointé.
- Jennifer : Alors ?
- Chloé : Alors j'l'ai téj.
- Jennifer : Alors ?
- Chloé : Alors mon keum il a voulu le marave, normal.
- Jennifer : J'avoue. Alors ?
- Chloé : Ben chais pas, il est pas encore rev'nu.
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : En même temps j'm'en balek, c'est trop un bouffon lui.
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : D'toute façon j'l'ai même pas calculé, t'sais.
- Jennifer : Grave, j'avoue.
Un peu plus tard, les garçons proposent aux filles de les rejoindre chez Gwendal.
- Chloé : Wesh elle bécave ta piaule, man !
- Gwendal : Grave, j'avoue, merci grosse. Alex y vient aussi ou quoi ?
- Chloé : Chais pas, attends, j'l'appelle.
- Alex : Wesh grosse !
- Chloé : Zyva gros, t'accouches ou tu restes en iench ?
- Alex : 'Tain mais j'ai l'seum, mon daron il est trop dar, y m'a pécho alors que j'me barrais...
- Chloé (à Alex) : Ok, pas grave man, à plus.
- Chloé (à Jennifer) : Wesh grosse, tu fais péter le son ou bien ?
- Jennifer : Grave.
- Chloé : Eh mais grosse, caisse tu fous, tu sais même pas comment elle marche la platine ? Zyva, t'es trop une teubé, toi.
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : N'empêche, t'as vu, c'est chaud comment Kévin y s'est fait larguer par sa meuf...
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : Eh, mate-le, t'as vu comment il est chelou...?
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : Il est complèt'ment foncedé, il a tisé sa race ou quoi ?
- Jennifer : J'avoue, grave.
Les filles, se retrouvant le lendemain matin au lycée :
- Chloé : Zyva, trop swagg la teuf chez Kévin, c'était chanmé, hein grosse ?
- Jennifer : J'avoue.
- Chloé : Par contre c'était auch en rentrant pour pas m'faire gauler par ma reum.
- Jennifer : Alors ?
- Chloé : T'inquiète, c'est passé crème, lol !
Avertissement
Si vous êtes parent d'ado(s), méfiez-vous de l'expression "t'inquiète", surtout si elle est suivie de “je gère”. C'est leur façon de nous faire comprendre qu'il serait opportun d'aller voir ailleurs s'ils y sont.
Exemple :
- Mais comment vas-tu rentrer à la maison, Kévin ?
- T'inquiète, je gère (-> faire 60 bornes tout seul à pied ou en stop à 3h du mat sous la pluie en décembre à moitié bourré avec 20 centimes dans la poche, une demi-barette de shit dans la chaussette et 2% de batterie sur mon téléphone ne me pose aucun problème, il n'y a donc aucune raison pour que tu te mettes la rate au court-bouillon, chère maman).